Farid le cyber-diable
Microsoft, CNN, ABC, Chrysler, Américain Express… tous ces mastodontes auraient été mis a genoux par un marocain de 18 ans. Farid Essebar, auteur présumé du virus ZOTOB, est évoquer tantôt comme génie. Tantôt comme une victime. La vérité ? On en serait encore très loin.
Farid Essebar enfant d’un mariage mixte entre un russe et un marocain, il a vécu jusqu'à ses 14 ans en Russie avec sa mère, après que cette dernière eut divorcé de son père. Et puis, un jour, il est retourné au pays.
Le père, un ancien homme d’affaires aux finances aisées, a tout perdu au lendemain d’une saisie. Il s’est installé ensuite dans la maison familiale .Farid à du y vivre alors, avec son grand père vieillissant et son oncle .du reste, il venait de réussir sa première année de lycée à Abdelkrim khatabi.
Dans le Peace cyber café, siège de son passe-temps favori, on en parle comme d’un fantôme « je l’ai souvent croisé ici. C’est un gars un peu bavard. Il n’a presque pas d’amis. Et puis ça fait pas longtemps qu’il est au Maroc. Quatre ans au Max » racontent un habitué. Farid, discret, s’installait souvent a la même place, devant un poste isolé au fin fond de la salle, durant ses après-midi libres ou tard le soir, pour une nuit blanche à tarif réduit. De ces innombrables heures, on retient ses longues discussions sur MIRC avec ses amis d’enfances en russie. Un adolescent à la vie peu enviable, certes mais c’est souvent le cas dans cette partie de la ville, à la seule différence que notre DIABLO a la tête de GAWRI. Comme ses congénères d’ici bas, il s’est réfugie dans sa passion cybernétique pour échapper a la grisaille de son quotidien. Comme eux encore, il lui arrivait de se vanter de quelques exploits, mais rien de vraiment méchant. Mais de la à l’imaginer en cyber-criminel, on en rit presque dans le milieu. On se pose alors naturellement la question : a-t-il vraiment créé le ZOTOB ? « Bien sur que non. Y a qu’a discuter avec la communauté du MIRC pour s’en assurer », confie, méfiant un des rares amis qu’il a dans le quartier.
ZOTOB, en plus d’être le nom d’un virus, s’avère avoir été le nick name d’un russe, un autre fidèle du Mirc. Ce serait lui l’auteur du script. Et encore lui qui l’a fait parvenir a farid. A en croire ses fréquentations, Farid ne serait finalement qu’un intermédiaire, victime de sa propre naïveté et d’une fougue adolescente.
« En supposant même qu’il l’ait fait, personne n’aurait pu remonter jusqu'à lui. Quelqu’un a cafté. J’en suis sur. D’abord, il n’a pas pu le propager a partir de chez lui puisqu’il n’a installé Internet dans son domicile qu’une semaine avant son arrestation alors que le virus sévissait depuis un moment déjà. Deuxièmement, il est vrai que Farid s’est vanté de sa connaissance du virus après que l’attaque eut été lancée, mais c’est reste dans la petite communauté. Vis-à-vis des flics, ç’aurait pu être n’importe lequel d’entre nous. Pourtant, c’est Farid qu’on est venu arrêter directement. Et en plus, on l’accuse de l’avoir conçu ! » Martèle avec certitude un autre hacker.
En effet, depuis son arrestation, Farid n’a pas porté les menottes une seule fois, sauf pour être présenter au procureur. Mais même la police n’y peut rien. C’est le FBI. Mirikan lance-t-on, convaincu que le sort de ce compagnon de cyber mania est scellé, avant de poursuivre, avec une conclusion digne des séries américaines « si seulement, notre police faisait comme chez les mirikane. L’engager. Enfin, si c’est vraiment lui l’auteur du ZOTOB et de ses dérivés ! »
(Pris du revue TELQUEL N 189 du 3 septembre au 9 septembre 2005)